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De la I ère à la V éme ; la valse des Républiques 

Françaises 

Il est bien incontestable qu’en matière de terminologie la ‘république’ trouve son origine dans ‘res publica’ c’est-à-dire la chose publique. La république est non seulement ce cadre institutionnel dont le centre c’est cet intérêt commun, c’est plutôt s’intéresser aux préoccupations de ces hommes et ces femmes qui non seulement partagent un présent et des perspectives d’avenir mais aussi un ensemble d’idéaux.
Ce régime républicain a rythmé les cadences de l’histoire politique et institutionnelle d’un bon nombre de pays. Autrement dit, le concept républicain n’est pas exclusivement Français et le nombre des républiques établies depuis le début du XX éme siècle en est la preuve. Mais ceci n’empêche que ce passage en revue du processus institutionnel Français que nous projetons faire aidera les lecteurs à concevoir les nuances et ces lignes fines qui séparent une variété de quêtes et de tentatives menées afin de trouver la stabilité de cette ‘chose publique’ avec qui nous avons inauguré cet article.
En effet, nous sommes bien devant un régime républicain qui a succédé à une très brève expérience de monarchie constitutionnelle (période où le Roi des Français partageait le pouvoir avec une assemblée élue pour une législature de deux ans). Et cette courte période succède à son tour à XIV siècle de monarchie de Droit divin voyant passer de nombreuses dynastie ; des Mérovingiens, des Valois jusqu’aux Bourbons. Une république qui a secoué ce que les gens croyaient comme ‘inviolable et sacrée’ (la Royauté).
C’est dans un contexte bien particulier et complexe et suite à la Bataille de Valmy que la I ère République fut établie le 21 Septembre 1792 et qu’avec elle est décrété ouvert un défilé de républiques, de restaurations de monarchies et d’Empires.


I/-Les premières tentatives Républicaines ; enthousiastes mais mitigées :
 C’est suite à la victoire de la Bataille de Valmy et cet enthousiasme populaire que la royauté fut abolie pour transférer le pouvoir d’un roi déchu entre les mains de représentants d’une nation dans un nouveau régime appelé déjà le « régime des assemblés ». C’est-à-dire un régime sans chef d’Etat, sans président de la République où une convention nationale détenait les pleins pouvoirs au point qu’elle s’est établie comme tribunal pour voter la mort du Roi Louis XVI et ceci dans la fin de couper les ponts avec le passé monarchique (‘Un roi doit régner ou mourir’ Saint-Just, député).

Cette envie plus que ferme de faire table rase avec la monarchie se traduit avec la terreur instaurée pour éliminer les courants jugés contre-révolutionnaires mais aussi l’instauration d’un nouveau calendrier à la place du calendrier grégorien nommé le calendrier Républicain où 1792 était devenu l’an I de la République et les mois en fonction des saisons (Thermidor en été, Brumaire en automne et pluviôse en hiver)
C’était à chaque fois qu’on voulait remédier à une imperfection de la méthode de gouvernement instaurée, ce remède s’avère à chaque pire que le mal. Entre 1792 et 1799, les Français ont vu passer le régime de la convention du Consulat en passant par le Directoire jusqu’au sifflet de la fin de la récréation et l’instauration de l’Empire par Napoléon Bonaparte.

Dès lors le régime républicain connait une éclipse pour quelques décennies laissant le soin à l’Empire de Bonaparte et le retour des Bourbons (maison royale dont Louis XVI fait partie) de guider la destinée des Français. Et ce n’est qu’en 1848 qu’une Deuxième République vit le jour apportant avec elle des réformes historiquement marquantes telles que l’extension du scrutin censitaire et l’instauration du suffrage universel masculin et l’abolition de l’esclavage ajoutons à tout cela un Premier président à la France ; Louis Napoléon Bonaparte lui-même qui en Décembre 1851 avait décidé d’établir un second Empire.


II/ De la République assiégée jusqu’à la République instable :
Secouée par une guerre (guerre Franco-Prusse) qui a coûté à la France les territoires de l’Alsace et la Lorraine, maintenant c’est la quête d’un schéma institutionnel alternatif au vide laissé par Louis Napoléon Bonaparte suite à la bataille de Sedan (2 Septembre 1870).
Avec Bismarck et ses soldats prussiens qui marcheront sur Paris, la fuite de Napoléon III et les prémices d’insurréction à la capitale, se retentissait partout « Vive la République ».Et de ce fait l’avènement d’une Troisième République était un Dimanche le 4 Septembre 1870.
Les débuts et la mise en place de la IIIème République étaient mêlés entre euphorie et un état de tumultus gallicus (tumultes et état de menaces) ; avec le retour du clivage républicain-royaliste, les résidus du Bonapartisme mais surtout les 72 jours de la Commune. Cette brève tentative d’incarner des idées nouvelles, des réformes poussées vers le Socialisme se posait comme antithèse à la puissance de l’Etat au dépens des périphéries et à ce Jacobinisme centralisateur engagé depuis des décennies en France.
Ses Institutions furent officiellement tracées en vertu des lois du 25 Février 1875 relatives à l’organisation des pouvoirs publics et du 24 Février 1875 relatives à l’organisation du Sénat. En l’absence d’une Constitution, la France s’est dotée un régime parlementaire bicaméral et un chef d’Etat par l’assemblée nationale dont le rôle est représentatif.


 Si elle apporte de réels progrès en offrant aux Français l’école primaire gratuite et obligatoire et les conquêtes sociales de 1936 (congés payés, droit de grève et abrogation de la loi Chapelier) mais aussi la Séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Elle est surtout marquée par l’antisémitisme montant : le capitaine Alfred Dreyfus est accusé à tort d’espionnage au profit des Allemands, il est condamné au bagne en 1894.
S’inscrivant comme record de longévité, cette république prend fin le 10 Juillet 1940 suite à la délégation des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain qui fondait sur la devise « Travail Famille Patrie » l’Etat Français.
A la libération et avec la débandade de l’ « Etat Français », une IV éme République fut établie avec la constitution de 1946 suite au refus d’un premier projet par référendum. Cette constitution prévoyait au centre du dispositif une Chambre des députés votant seule la loi et ne pouvant déléguer ce pouvoir. Etait créé un Conseil de la République, ancêtre du Sénat, appelé à donner un avis, le dernier mot restant aux députés. Le Président élu par le Parlement pour sept ans n’avait que des pouvoirs limités. L’exécutif appartenait au Président du Conseil.
Les 21 gouvernements qui, de 1945 à 1958, vont se succéder (chacun pour une durée à peine suffisante à la mise en place d’un embryon de politique) vont s’engluer dans le conflit algérien, cependant que des partisans du général de Gaulle, sinon lui-même, vont jouer en sous-main la politique du pire dans l’espoir, qui se réalisera, de récupérer le pouvoir.


III/Enfin la Ve ou peut être …la Place au président
 C’est pour se retrouver face au devenir de l’Algérie que Charles de Gaulle sort de sa retraite de Colombey-Les-Deux-Églises. Il faut d’urgence mettre en place une nouvelle constitution, ce sera celle de la Ve République qui est encore la nôtre.
Charles de Gaulle fait préparer par l’un de ses fidèles, Michel Debré, ministre de la Justice, une nouvelle constitution qui est présentée publiquement le 4 septembre 1958,. Soumise aux Français par référendum, elle est massivement approuvée. La Ve République vient de voir le jour !
La nouvelle constitution accorde au président de la République une place importante. Il est élu pour sept ans, par un collège de 80 000 grands électeurs – l’élection au suffrage universel sera décidée plus tard, par référendum, le 28 octobre 1962 : 61,75 % de oui. Cette constitution précise que :
 Le président peut dissoudre l’Assemblée nationale, soumettre aux Français certains projets de loi au moyen du référendum, et détenir les pleins pouvoirs en cas de menace exceptionnelle.

Le président nomme tous les ministres à la tête desquels on ne trouve plus le président du Conseil, mais le Premier ministre.
L’Assemblée nationale, qui vote les lois, peut contrôler le gouvernement par des motions de censure ou par la question de confiance. Le gouvernement dispose, lui, d’un article de la constitution lui permettant d’engager sa responsabilité si l’Assemblée est réticente : le 49.3. Les députés peuvent alors voter une motion de censure.
À ce jour, il y a eu 8 présidents en cinquième république : C. De Gaulle, Pompidou, V. Giscard D’Estaing, F. Mitterrand, J. Chirac, N. Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Sur l’échiquier politique, c’est la droite qui a été le plus au pouvoir, mais à partir de 1981 et l’élection de Mitterrand, la gauche avec le Parti Socialiste assure l’alternance politique.

La France a connu depuis la révolution française de 1789, pas moins de trois monarchies, deux empires, cinq républiques et “l’État français” de Vichy. On peut penser aisément que la France est un véritable “consommateur” de régimes politiques. Le fait est que l’Histoire est incertaine, et qu’après 1789, la France se retrouve déboussolée et ne sait quel régime serait salvateur. Cependant, le régime qui s’imposera par cinq fois, est le régime républicain.
Sacrées Valses des Républiques en France !

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CHIHAOUI MEHDI



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